Vous avez déjà vécu cette sensation ? L’énergie qui s’égrène et glane quelques copeaux de vie dans le sol même où on vous a enterré il y des années ? Ce souffle qui s’infiltre dans vos veines et y instille des cristaux de douleur. Cela vous arrache la peau, comme des milliers coups de poignards, des écorchures à ne plus pouvoir discerner le vrai du faux. On vous extirpe des méandres de la mort pour vous offrir un souffle dont vous ne voulez plus. Vous ouvrez la bouche et inspirez grandement, vos organes se gonflent d’un coup sec et se remettent en marche comme si de rien n’était. Comme si votre mort douloureuse n’avait été qu’une illusion de votre esprit, comme si tout cela n’avait été qu’un châtiment que vous vous étiez vous-mêmes imposé. Comme si… ce cloaque de souffrance avait été vain. Et alors vous recouvrez la vie, avec en tête pour seul desseins, la mort des instigateurs de cette faute.

Elle redresse le haut de son corps, toussant les quelques restes de terre qui s’étaient infiltrés entre ses lèvres. Elle fronce les sourcils face à l’étendue qui s’offrait à elle. Ses mains sur le terreau encore humide, elle serre les doigts et sens presque l’argile pénétrer sa chair. La mâchoire serrée par l’émotion incommensurable qui s’emparait d’elle : la détresse. Il était étrange de ressentir un sentiment qu’on avait bannit depuis des siècles. Elle s’aide de ses bras pour se relever, y exerçant une pression minime. Frottant maladroitement ses vêtements d’un autre âge. Sa chevelure semblait emmêlée et irrécupérable, les quelques feuilles rougeâtres et jaunâtres donnait une pointe de couleur à ce désastreux spectacle. Elle se cambre et tousse davantage, crachant le reste de terre qui s’était accumulé en son sein. S’appuyant sur le tronc pour garder un certain équilibre. C’est en le touchant qu’elle se rendit compte que toute sa magie n’était plus en parfaite harmonie avec son être. Écarquillant les yeux elle tourne son regard vers les environs une bourrasque la gifle. Sous la surprise elle entrouvre les lèvres et pose sa main sur sa joue, une seconde bourrasque plus forte la repousse. Elle tape du pied et hurle.

« - Non mais ça va pas ?! Je sais pas moi, tu pourrais me demander comment je vais, dis je t’ai fait renaître contre ton gré, mais j’espère que tu m’en veux pas. Bonsoir au fait ! »

La bourrasque se fait plus forte et elle en perd l’équilibre tombant violemment au sol, sur les fesses. Elle frappe des mains et grogne de mécontentement. La colère, l’impuissance, elle sentait au fond d’elle que ses pouvoirs n’étaient pas loin et se promettait de les récupérer. Cette simple pensée rendit les éléments plus violents encore. Elle se redresse et se met à courir en sentant maladroitement des mains s’éprendre de sa chevelure, la tirer. Elle courait à vive allure, son cœur battant la chamade, elle ne faisait pas attention aux branchages qui lui écorchaient les joues et lui déchiraient les manches. Son souffle lui manquait, être une simple humaine c’était si difficile dans un tel climat. C’est en voyant l’antre de lumière qu’elle s’autorisa un répit, s’arrêtant soudainement et s’appuie contre le mur d’une bâtisse pour reprendre son souffle, osant une œillade derrière elle.

« - Merci, à bientôt j’espère !» dit-elle ironiquement en dodelinant de la tête.

Elle pousse un soupire d’exaspération et fixe son état avec agacement.

« - Mais quel est cet endroit ? »

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